Fantastique, le plastique?
Il est présent partout: du biberon pour nourisson au film alimentaire.... Et depuis quelques jours, il est désigné officiellement comme produit "non grata" par le Journal Officiel...
A tort ou à raison, les scientifiques ne parvenant pas à s'accorder sur le sujet, il est considéré comme responsable de troubles comme la précocité de la puberté chez les enfants, ainsi que la baisse de fertilité chez les adultes.
La France a tranché: le principe de précaution sera appliqué.
Pour en savoir plus, nous vous avons joint l'article publié cette semaine dans La Provence et qui traite du sujet...
Qui disait que "le plastique, c'est fantastique"?
Le décret interdisant ce composé chimique dans les conditionnements à vocation alimentaire a été publié au Journal officiel
Le Parlement a définitivement voté, jeudi, une proposition de loi PS interdisant le bisphénol A dans les contenants alimentaires, dès 2013 pour ceux destinés aux bébés et début 2015 pour les autres.
Photo - AFP/Archives - Remy Gabalda
Il fait partie de ces substances controversées, décriées, soupçonnées... mais sur lesquelles les études scientifiques ne parviennent pas à s’accorder.
Alors le principe de précaution va s’appliquer en France. Aujourd’hui a été publié au Journal officiel le décret interdisant la fabrication, l’importation et la mise sur le marché de tout conditionnement à vocation alimentaire contenant du bisphénol A (BPA). Le Parlement avait approuvé le texte le 13 décembre. L’interdiction sera effective dès le 1er janvier 2013 pour les produits destinés aux enfants de moins de 3 ans. Elle sera étendue en janvier 2015 à tous les contenants.
Cela fait maintenant plusieurs années que les effets nocifs supposés du BPA sur la santé sont sujets à polémique et ont conduit plusieurs pays à prendre des mesures. Mais qu’est ce que le bisphénol A ? Dans quels produits le retrouve-t-on ? De quels effets nocifs est-il soupçonné ? Peut-on l’éviter ?
Qu’est-ce que le bisphénol A ?
C’est un composé chimique, qui sert d’intermédiaire dans la fabrication de plastiques comme les polycarbonates et les résines epoxydes. Le BPA apporte résistance, transparence, légèreté et stabilité thermique aux plastiques. On le retrouve donc dans la composition de nombreux produits de consommation courante : le PVC, les lunettes de soleil, les CD, la vaisselle en plastique, les bouteilles et bonbonnes d’eau, les boîtes de conserves, les canettes... mais aussi dans les résines utilisées par les dentistes ou les peintures.
Le BPA, qui peut aussi servir de révélateur de coloration, est présent dans le papier thermique sur lequel sont notamment imprimés les tickets de caisse. On le retrouve aussi sur les billets de banque.
Pourquoi ce composé chimique fait-il polémique ?
Encore une fois, rien n’est avéré. Les études scientifiques se contredisent et les chercheurs n’ont pas encore assez de recul pour se montrer catégoriques. Pourtant, le bisphénol A est soupçonné d’être un perturbateur endocrinien, c’est-à-dire qu’il risque de dérégler l’équilibre hormonal. La précocité de la puberté chez de plus en plus d’enfants lui est imputée, tout comme la baisse de la fertilité chez l’homme comme chez la femme.
En effet, le bisphénol s’extrait naturellement du plastique dans lequel il est contenu. Cette extraction s’accélère si le plastique est nettoyé avec un détergent puissant. Une étude de l’Inra de Toulouse tend à démontrer qu’il peut pénétrer l’organisme par la peau. Quant à l'agence nationale de sécurité alimentaire,elle a collecté des données pour mesurer l'exposition de la population à cette substance.
L'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a défini une dose journalière à 50 µm/kg de poinds corporel. Les scientifiques se montrent particulièrement réservés sur l’ingestion de BPA durant la grossesse, l’allaitement et à l’adolescence.
Quelles mesures existent dans le monde pour limiter l’usage du BPA ?
En France, le bisphénol A est devenu un sujet médiatique en raison de sa présence dans les biberons. La polémique était si forte que le Parlement a voté le 23 juin 2010 une loi interdisant la fabrication de biberon avec ce composé chimique.
Le Canada était précurseur en la matière, posant cette interdiction dès octobre 2008. Plusieurs Etats américains, comme le Wisconsin ou le Vermont ont suivi.
L’Union européenne s’est également emparée du sujet et a aussi proscrit l’utilisation du bisphénol A dans la fabrication puis la vente des biberons en 2011, mesure qui s’impose aux 27 pays.
Au Danemark, on ne trouve plus de BPA dans les matériaux de contenant alimentaire et de boissons pour les moins de 3 ans.
Dans d’autres pays, pas de loi, mais des efforts de la part des industriels. Par exemple au Japon, volontairement, les fabricants diminuent l’utilisation du bisphénol A dans les canettes et la vaisselle en plastique. En Australie, depuis juillet 2010, un accord entre le gouvernement et les distributeurs vise à retirer les biberons incriminés. Enfin, l’agence fédérale de l’environnement allemande recommande aux fabricants, importateurs et utilisateurs de chercher des substances alternatives.
C’est d’ailleurs pour permettre l’émergence de substituts que le bisphénol A sera interdit dans tous les contenants alimentaires seulement en 2015 en France. Des travaux sont menés également pour limiter la migration du BPA dans les aliments.
En attendant, comment éviter le bisphénol A ?
Actuellement, aucun étiquetage ne mentionne la présence de BPA dans les produits. Pour autant, il n’existe que peu d’alternatives pour les plus inquiets. Vous pouvez privilégier les emballages en verre aux conserves métalliques et aux canettes. Evitez de réchauffer les aliments dans des emballages en plastique.
La Provence